antartica : pourquoi pas?

pour résumer ce voyage in-résumable, je me suis fait un livre : clicquer ici

Alors, comment vous dire? Je vais essayer de partager avec vous ce voyage mais ce fut tellement extraordinaire, extra-ordinaire, bref que je crains d'en oublier beaucoup et d' être très réductrice... d'autant que tout est immense et la pureté de l'air nous déphase complètement sur les échelles...
Mais bon, je me lance...
Déjà, que sachez que le boulard est un voilier "authentique" ou tout est pensé. Jean est un sacré marin au caractère bien trempé et connait son affaire. J'ai juste regretté qu'il soit seul car on se dit, et s'il lui arrivait quelque chose. Et je dois dire que ça m'a fait souci, car dans ces paysages, on se sent bien petite, inexpérimentée : Entre le mal de mer du Drake, le dépaysement...
Mais, j'ai fini par apprendre que le boulard est suivi a terre et qu'on n'est pas complètement seul en Antarctique!


Mercredi 13 février - départ de Puerto William
Nous longeons l’Ile Navarino dans le canal de Beagle.
Pas mal d’oiseaux dont les fameux manchots de Magellan qui ressemblent à ceux que j'ai vu au Cap...
manchots de Magellan
Puis des brisemers que l’on appelle aussi ici Canard vapeur car il fuit sur l’eau et ça fait comme un bouillon…
Canards vapeurs
Puis ce sont vite des survols d’albatros à sourcils noirs, jusqu’à croiser des rassemblements de centaines de manchots de Magellan, de skuas et d’albatros sur l’eau. Le bateau les fait fuir de chaque côté. Impressionnant autant de grands oiseaux qui décollent en même temps.




Sur des ilots, des otaries à fourrure se dorent au soleil parmi les cormorans.


Sur d’autres Ilots, ce sont les sternes arctiques qui ont colonisé.
Les arbres de Navarino sont des essentiellement des hêtres à feuille persistante (lenga) et des chênes. Guindo, ñire, leña dura, canelo
Nous croisons une épave mormon. Il faut dire que nous avons assez beau temps mais que c’est loin d’être tous les jours le cas et la navigation entre toutes ces îles n’est pas très facile.
épave mormon
Puis, nous quittons le canal Beagle pour prendre notre grand virage vers le sud.
Nous passons au large de Puerto Toro (toujours sur l’île Navarino), traversons la baie de Nassau et longeons deux ou trois autres îles.
Je pars me coucher et quand je prends mon quart, vers 5h du matin, j’aperçois le cap Horn dans notre dos un peu plus vers l’ouest.
Plein d’oiseaux tournent près du bateau.
Beaucoup d’albatros royaux et hurleurs (3M d’envergure), des albatros à sourcils noirs, à bec jaune, à tête grise, des damiers du Cap, des pétrels géant juv et adultes, des  pétrels divers, des océanites à ventres blancs et Wilson.. Brefs, je peux faire la Kéké car je retrouve pas mal d’oiseaux que j’ai croisés dans les 40èmes cet automne.
Et ce sont 4 jours de traversée du fameux Drake au rythme des quarts (6 heures de repos, 3 heures de quarts, nous faisons les quarts alternés, autrement dit 1h30 avec une personne et 1h30 avec une autre personne : je suis d’abord avec GG007, notre québecoise qui veut rester incognito. Pour elle, tout est une découverte. Elle observe et elle a l’art de toujours poser la bonne question simple mais efficace qui va mériter la réponse la plus simple… Ce sera un bonheur de faire sa connaissance. Puis, c’est Micheline, notre réunionnaise qui a toujours la pêche. Elle est tout aussi malade que moi, elle est gelée (je crois qu’elle aura eu les pieds gelés du premier jour au dernier malgré toutes les solutions de la plus simple (la grosse pantoufle en peau de mouton, à la solution la plus moderne (les petites sachets qui se chauffent par un miracle chimique)
Micheline
 
Ensuite, Philippe, son mari  la rejoint.
photo : Yoann Morin

Puis c’est Marie le petit mousse du bord qui reste stoïque, contre vents et marées, se demandant bien si la gite du bateau est normale, si on ne va pas chavirer à tout moment.
Jean, Marie et Yoann
 Puis, Yoann, notre infirmier du bord (Il faut dire qu’avec un médecin anesthésiste et 2 infirmiers et une acupunctrice, on est paré question santé sur ce bord !) rejoint Marie.
Vous me direz, ça ne fait que 6… Et oui, Jacques le 7ème larron a disparu dans sa couchette assez rapidement et n’est réapparu que 4 jours plus tard. Il se fera tellement chambrer gentiment le long du voyage qu’il reprendra normalement ses quarts pour le retour.


Donc quatre jours et quatre nuits au rythme des quarts, direct dans la bannette après le quart, histoire de ne pas trop remuer plus l’estomac, un jeûne de 4 jours, ça ne peut pas faire de mal !!! Et de tenter de se réchauffer... Je crois que je n'ai jamais eu aussi froid que durant cette traversée. 
Vu des alabtros hurleurs, royaux, à sourcils noirs, des prions de désolation. Un groupe de damiers du Cap nous accompagnent un bon moments et enfin, les fulmars antarctiques très esthétiques.

Le drake, c’est quoi ?
Un des endroits le plus réputé du monde pour tous les marins car c’est par là que « passe » toute l’eau de l’océan pacifique dans l’atlantique. C’est assez étroit : 1000 km entre le Cap Horn et la péninsule Antarctique, donc il se forme un courant. Sur ce, vous ajoutez le froid du à la latitude : Sous le 56ème parallèle et le froid de l’Antarctique. A cette période, les dépressions se succèdent et tout l’art du skipper est de trouver la « bonne fenêtre ».
A l’aller, nous sommes parti sans attendre car nous avions un bon vent de Nord-ouest qui nous poussait grand largue pendant les deux premier jours. Puis, il a tourné ouest et sud ouest donc Jean a préféré changer notre point d’amerrissage : au lieu de l’archipel Melchior prévu, nous avons pris une route un peu plus Est pour l’Ile déception. Je dois dire que j’en étais bien contente, car c’est une île mythique. Un bon abri au milieu d’un cratère que les baleiniers avaient très vite découverts, autrefois. Elle est chargée d’histoire et de récit. (Pour ceux qui aimeraient en savoir plus, faite comme moi, lisez le chapitre île Déception dans le livre « salut au grand sud » d’Isabelle Autissier et Eric Orsenna…
C’est d’ailleurs grâce à ce bouquin que je suis là aujourd’hui !!!)
Au retour, nous pensions devoir attendre dans l’archipel Melchior la fameuse fenêtre. Jean prend la météo et branle-bas de combat, il faut soit partir sans trainer ne serait-ce qu’une heure car c’est là ou bien cinq jours plus tard. En effet , une très grosse dépression est annoncée, qui couvre tout le Drake et il vaut mieux ne pas s’y trouver à ce moment là. Donc, on a pas trainé pour s’y lancer !!!

Dimanche 17 février - Arrivée à l’ile Déception par bon vent et belle houle.
Passons entre l’ile Snow qui, comme son nom l’indique est un beau dôme de neige, et l’ile Smith (de beaux sommets montagneux tout blanc.)
Plein Sud, il faut trouver l’entrée de l’ile Déception, les bouches de Neptune, pour entrer dans le cratère du volcan.

Et tout à coup, c’est le grand calme. On s’enfonce jusqu’au fond du cratère en passant devant les restes d’une station baleinière sur la droite, puis on mouille dans Telefon bay. Résumé de cette arrivée en photos.


Lundi 18 février - Ile deception

Il a neigé dans la nuit et c’est un paysage de désolation, entre la lave sombre et la neige blanche.
réveil au son du currucucu (c'est avec cette musique que Jean nous réveillera tous les matins)


ph: Philippe Meyer



Nous préparons l’annexe : entre le gonflage et le montage du plancher, ce n’est pas si simple. D’autant que l’avant a une fâcheuse tendance à se dégonfler…
Et nous partons faire un balade sur le rivage. Juste à côté de l’endroit ou nous montons l’annexe, un poussin de manchot papou nous accueille, tout transis.

Il est là, seul et je ne pense qu’il va réussir à comprendre tout seul comment fonctionne la vie ! Tous les autres manchots de la colonie sont sur les extérieurs de l’ile.

Puis nous tombons nez à nez avec un manchot à jugulaire pas farouche du tout.



manchot à jugulaire por annelaunois

Un peu plus loin, la plage s’élargit et trois gros phoques de Weddell se dorent au soleil. 






Nous continuons et croisons des skuas antarctiques et trois cormorans. 

















Et nous retournons tranquillement au voilier.
En Antarctique, ne jamais oublier de remonter l’annexe sur le pont, car les phoques léopard adorent venir jouer avec et vous retrouvez de la charpie d’annexe, ce qui peut devenir très fâcheux !
Sur le pont tout est calme.  GG007 traque le coucher de soleil, très tardif
ph : GG007
résumé de la journée en photo


Mardi 19 février - Ile déception




Nous sommes réveillé par les rotations d’un zodiac, et ça fait tout drôle. Quand tout à coup, j’entends qu’on appelle Jean. Je pointe le bout de mon nez dehors et surprise, un grand 3 mats est arrivé dans la nuit. Est-ce que c'est le fantôme de Shakelton qui me poursuit? Ou bien, sommes nous revenu au temps des baleiniers?
Lucie, un des marins de l’Europa est venu saluer Jean, après avoir déposé ses passagers en face dans la baie, pour qu’ils fassent une rando vers un des sommets autorisés.


Lucie nous invite à visiter l’Europa et c’est vraiment exceptionnel dans ce décor. (Maxence va être jaloux, je le sens!)









Lucie et Jean



Apéro en terrasse pour l'occasion.
L’après midi, nous retournons marcher sur le bord  car un paquebot décharge une armée de stroumpfs (ils sont tous en veste bleue) juste sur la rando que nous voulions faire. Il faut dire, qu’en Antarctique, il y a interdiction de débarquer plus de 100 personnes à la fois dans un même endroit.

Dès qu’ils commencent à rembarquer du monde, on va rejoindre l’autre grève et certains d'entre nous grimpent en haut du sommet, d’où on voit bien les différents monts du volcan et la grande ile Livingston.
Les zodiacs ont rejoins leur paquebot norvégien, et tout redevient calme.

Photo : Ph. Meyer

Photo : Ph. Meyer



Photo : Ph. Meyer

Photo : J. Dupuis

Photo : J. Dupuis

 Une otarie à fourrure dort tranquillement sur le bord de l’eau, tandis que 5 sternes antarctiques se chamaillent un peu plus loin.



Le soir, tout est calme et les montagnes deviennent roses.

Résume de l'après midi en photo


Mercredi 20 février : de Déception à Trinity (60 milles) Soleil, ciel bleu, vent impeccable pour la voile


Départ vers 8h , tout est calme et on a plein de reflet dans l’eau, nous laissons au loin sur la droite les bases argentines et espagnols puis sur la gauche, les fumerolles des sources d’eau chaude. 



rinçage de l'ancre

base espagnole

ancienne station baleiniere







Nous repassons devant les ruines de la station baleinière et nous sortons du cratère. 



Il y a plein de manchots à jugulaire sur le côté droit, dans les falaises.

Puis direction plein sud vers l’Ile Trinity, à la voile.
23 océanites de wilson, 2 pétrels géants (beige), 5 fulamrs antarctiques, vraiment beau avec leur gris bleuté, 2 damiers du Cap,
Nous longeons l’ile Trinity, faite de dôme de neige, de glaciers et de beaux sommets. De l’autre côté, c’est la péninsule Antarctique. 

péninsule Antarctique


Nous croisons notre premier Iceberg digne du sphinx.


Sur un autre iceberg, quelques manchots
ph. Jacques Dupuis
 
Et nous déboulons plein pot, à la voile dans un chant de glace… Aie, affalage de la grand voile hyper rapide, pendant que Jean a repris la barre et slalome entre les growlers et les glaçons. Nous traversons du brash (plein de petits glaçons partout) et c’est très impressionnant.

premiere glace vers trinity par annelaunois





Jean nous montre comment barrer et gérer la puissance du moteur dans ces champs de glace.






Puis, nous bifurquons vers la droite pour mouiller au sud de l’Ile trinity, entre des petits ilots à cormorants impériaux. 2 baleines nous y accueillent.







Le soir, il nous faut organiser un quart de mouillage pour surveiller que le bateau ne dérape pas et que la glace ne va pas nous emprisonner (chacun se réveille dans la nuit une heure, à tour de rôle pour veiller…)

Trinity Island

la péninsule

Trinity Island


Jeudi 21 février – De Trinity à Enterprise (45 milles) Moteur – encore du très beau temps

Départ vers 8h, cap au 200, pour 45 milles de navigation, essentiellement au moteur, vue la glace partout. Je suis à la barre une partie de la journée, à éviter les growlers.





Les océanites wilson virevoltent comme de papillon.


Tiens, il y a du noir qui dépasse par là, c’est une première baleine à bosse jubarte, tout près du bateau.
Puis deux ensemble, et encore deux. Jean prends la barre à chaque fois et tourne autour, très proche. Ce qui fait qu’un baleineau déjà bien gros vient juste sous l’étrave et se retourne juste à côté.
Whaou, quel spectacle. 





photo : Ph. Meyer

photo : GG007

photo : GG007

photo : GG007

photo : GG007

photo : Ph. Meyer

photo : Ph. Meyer
photo : Ph. Meyer

photo : Ph. Meyer

photo : Ph. Meyer


baleine a bosse jubarte por annelaunois

En tout, ce seront 29 baleines vues et 5 orques aperçus ce jour là.
orque au loin


Nous passons devant bluff Island
D’un côté, la péninsule Antarctique, de l’autre côté, les Iles Melchior, Brabant, Anvers qui a d’énormes glaciers et le fameux Mont Français (Environ 3000 m)


Nous arrivons vers la petite ile Entreprise, vers l’Ile Nanssen (côté péninsule) où une épave de baleinière sert de ponton au voilier.
Yoann amarre le Boulard

Les sternes antarctiques nichent dan la baleinière
Un lieu charge d'histoire et d'émotion



Vendredi 22 février – moteur – très beau temps (il parait que nous sommes très chanceux) puis PVG dans le clapot...
Départ d’Enterprise après avoir photographié l’épave de la baleinière depuis l’annexe.
On longe l’ile Nanssen, c’est étroit et je me demande où peut bien être la sortie.Une matinée où les reflets s'enchainent les uns après les autres...





poto : Marie Ibanez
Photo : Marie Ibanez

photo : Marie Ibanez
photo : Marie Ibanez
Je suis a la barre tout une partie de la journée. 

Nous débouchons sur une anse plus grande où nous attendent 8 phoques de Weddell.

Quelques manchots s'eloignent du bateau.
sauts de manchots par annelaunois

En sortant de la baie, la banquise prend toute une partie du détroit de Guerlache. Ambiance assez étrange. Le boulard se transforme en brise glace. Jean surveille devant pendant que je suis à la barre.




sortie ile nanssen por annelaunois

sortie ile nanssen par annelaunois
Puis, nous avons un vent assez fort à partir du Cap Anna, avec un sacré clapot. 3 baleines font leurs shows au loin (sauts, plongeons).
On rate l’ile de Cuverville, car il y a une grosse barrière de glace qui trouble Jean. Il faut carrément forcer le passage. Un des growlers reste coincé dans l'étrave. Il faut le décoincer à la gaffe et faire marche arrière...

Résultat, il faut revenir en arrière, Direction l'Ile Cuverville. 2 paquebots débarquent leurs flots de touristes dans les colonies de manchots papous.

Mouillage au pied de la colonie de l’ile Cuverville…Mmm, quelle odeur, on se croirait dans le CDS les jours de grands arrivages ! 
Résume de la journée en image


Podorange vient se mettre à côté de nous.
Avec le vent, le mouillage ne tient pas, et il faut s’y reprendre à 4 fois… Donc quart de mouillage.





Samedi 23 février – Beau temps
Brice, le skipper de Podorange, nous propose de nous déposer sur l'Ile. Et nous débarquons au milieu des manchots papou… Pleins de poussins car c’est la fin de saison.






3 heures pour observer les comportements, nourrissage des petits, poussins qui poursuivent un des deux parents, glissades sur un névé, se jeter pour la première fois à l’eau…





photo . Jacques Dupuis



manchot papou poursuite par annelaunois

1ers essais a l'eau par annelaunois


Puis départ vers la baie de Paradis en passant dans un étroit chenal et rencontrant à la sortie un léopard de mer sur un pancake. Quelle gueule...



Nous traversons la baie et entrons dans la baie de paradis en passant devant une base chilienne, puis la base argentine Brown. L’Ile Lemaire est à droite. 


base chilienne




base Argentine


Nous hissons la grand-voile pour prendre le boulard devant un grand glacier, à la plus grande joie des touristes japonais qui nous mitraillent, vêtus de jaune sur les zodiac d’un paquebot . 








Puis nous allons mouiller dans un petit recoin très calme.
Yoann, Philippe et moi partons chercher de l’eau pour re-remplir les réservoirs, bouteilles… De l’eau de l’Antarctique pour boire, se laver, c’est-y pas « classe »



 
Dans la baie, la montagne vit, les glaciers craquent et grondent. Par moment, des avalanches descendent.
Et Jean nous a préparé un de ces plats de légumes...Miam...


résume de la journée en photo


Dimanche 24 février – le temps vire peu à peu dans la journée. L’Antarctique prend d’autres couleurs et une autre ambiance.



photo : Marie Ibanez





Nous sortont tranquillement de la baie de Paradis par le canal ? Et il nous faut traverser une immense baie pour rejoindre le Cap Renard. Cap 220 environ. Je suis à la barre et je suis persuadée que ce cap nous amène vers les Iles qui longent la péninsule, surtout que Jean me demande de laisser des cailloux à tribord mais en fait, le Cap Renard est bien sur la péninsule !
Il faut dire que l’on est sur une autre planète et que j’ai le plus grand mal à m’orienter depuis le début.Le boulard s’enfonce dans un canal et moi, je pense que c’est une crique, mais il y a toujours une sortie que je vois au tout dernier moment. Ce ne sera qu’au bout du 6ème jour que je commence enfin à lire à peu près les cartes et deviner un peu en avance la route à prendre. Mais quel dédale.

Cet effet est accentué ce jour-là par une brume assez épaisse qui donne un paysage énigmatique, et une ambiance mystérieuse.
Nous longeons la côte puis entrons dans l’étroit canal Lemaire, entre la péninsule et l’ile ? Beaucoup de glace se sont accumulées sous forme de growlers, pancake et icebergs. Heureusement, la brume s’est levée pour l’occasion.











Nous sortons du Lemaire pour retrouver la brume. En longeant les île Argentine, 3 baleines plus petites que d’habitude nous accompagnent un bon moment. Il semble qu’on les appelle « mink » et Régis (un copain naturaliste de Kristel qui est sur un autre voilier, Vaihéré) me dira plus tard que ce sont des petits rorquals.

 
Après la troisième ou quatrième ïle Argentine, un balise nous guide pour pénétrer dans l’Archipel et arriver à la base ukrainienne Vernadsky. Deux hommes sortent en maillot de bain d’un sauna tout fumant dans la brume pour plonger dans l’eau…Le Vaihéré est là. 
photo : Yoann Maurin

Et nous mouillons dans le point le plus sud de notre périple, 65°14’ 927 Sud / 64° 15’ 260 Ouest
il faut passer les amarres à terre car la cuvette est assez étroite.
résume de la journée en photo

La base Vernadsky – petit bout d’Ukraine au bout du monde

 
Nous rejoignons la base vers 21h.
Cette base était à l’origine anglaise et a été abandonnée. Les anglais ont donc été sommé de démonter leur base dans les années 80. A l’époque, le mur venait de tomber et les pays ex-soviétiques cherchaient à prendre leur nouvelle place. Les ukrainiens en ont donc profité pour racheter cette base pour un rouble symbolique.
Accueil chaleureux de Sacha, un des rares ukrainien de la base à parler un anglais très teinté de russe.


Il nous invite à pénétrer dans un grand couloir décoré de photos retraçant les grands moments de la base. Là une petite infirmerie sommaire, ici la salle de radio. Dans un coin un PC pour passer les mails mais pas d’internet grand débit.

infirmerie

Le chef de base est là depuis plusieurs années et est très fier de la contribution de l’Ukraine à toutes les recherches faite en Antarctique (il faut dire que certaines bases sont juste un prétexte pour installer des militaires au cas où le traité évoluerait et serait violé )
Nous arrivons au laboratoire de mesure de l’ozone.
La base étudie essentiellement l’évolution du trou d’ozone, et travaille sur les ondes électromagnétiques qui donneront peut-être de précieux renseignements sur l’évolution du climat. Bogdan est responsable des mesures que des appareils à l’extérieur lui donnent toutes les 15 minutes.  Dans un coin, un vieux guide-chant et une guitare au milieu des ordinateurs assez anciens. Au mur, des mesures de la magnétosphère. Le reste des appareils de mesures est à l’extérieur et envoient les mesures toutes les 15 minutes. C’est à partir de ses mesures que les anglais ont découverts les premiers le trou d’ozone et les ukrainiens ont repris les recherches en mesurant l’évolution que ça prend.


Puis c’est un laboratoire d’étude des lichens : il faut dire que la végétation est rare en antarctique. Seuls quelques lichens arrivent à pousser sur les pierres et même sur la glace.


Ensuite, c’est la salle de sport minuscule avec quelques prise d’escalade au mur, et pour finir la salle de rangement des skis et raquette et l’atelier de bricolage à tout faire.

On imagine les couchettes dans les combles juste au dessus.
On sent en regardant le matériel que les 11 hommes qui vivent là pendant un an doivent  se débrouiller avec peu pour pouvoir hiverner sans trop de souci. 


Ils ont maintenu la tradition du pub que les anglais avaient installé. La vodka « raffinée maison » a remplacé la bière et nous aurons donc le privilège de passer la soirée dans le bar le plus austral de la planète.

Nous rejoignons ce fameux bar, où nous attendent les autres ukrainiens et les équipages du Vaihéré et de l’iceberg. Le bar est gratuit et fonctionne avec ce que les équipages apportent. Quand ils peuvent distiller, il y a aussi de la vodka mais pour ça, il faut des pommes de terre !!!



Une soirée donc bien au chaud, les uns papotent, d’autres jouent au billard, aux échecs ou aux fléchettes.
Grande discussion avec Régis et Sylvie, les copains de Kristel, dans le bar le plus austral du monde.
Et votre Drake à vous, il s’est bien passé ? Et la vie à bord ? (il faut dire que le Vaihéré fait 23 mètres de long et a trois pros à bord.)

Hélène, la randonneuse rencontrée aux Torres et au Fitz Roy et Sylvie
Au billard
Régis aux flechettes
Régis et Sylvie
 
Et là, vous y êtes passé ? et le phoque crabier ? et le chionis ? Nous, on l’a vu ici  et toi ?
Bref, tout à fait improbable au bout du monde. Mais bien sympa.
Nous faisons tamponner nos passeport aux insignes de la base.
Vers 23h30, nous reprenons notre petit dinghy à la rame et, sans rien comprendre à ce qui a bien pu se passer, nous embarquons aussi le dinghy ultra moderne du Vaihéré… l’occasion d’un fou-rire mémorable. Bon, nous leur rendons le bout de leur dinghy et partons dans la nuit vers le boulard. Quand tout a coup, nous sommes rejoint par ceux du Vaihéré qui appelle Yoann : ils ont retrouvé son passeport tombé sur le petit ponton…un miracle.


Lundi 25 février. Ciel un peu couvert mais très vite c’est le grand beau
Ce matin, balade au petit musée « cabane Vorby »
Un petit tour en dinghy pour accoster sur une des Iles, sous l’œil pacifique d’un phoque de Weddell.

 
Et nous entrons dans la petite cabane que les anglais ont laissée là en témoignage des années 50, et de la découverte du trou d'ozone.
Tout est rester en place et respire l’histoire de ses scientifiques.
Boites de conserve, outillage, cuisine, bannette, gant, blouson, lunette, instruments de mesures, radio…



Quelques jeunes goélands dominicains sont posés dans une des anse.
Nous grimpons sur une petite butte pour découvrir tout l’archipel. C’est superbe. 





Au retour, il faut refaire une corvée d’eau à la base. J’y pars avec Yoann. Nous donnons à Bogdan les pièces de monnaie polynésienne qu’un des équipiers du boulard a laissé à Jean pour la collection du cuistot de la base, un autre Sacha. Nous donnons aussi des choux et du citron, car la veille, ils nous ont dit en manquer… Whaou, quel bonheur de les voir si heureux. Et un des techniciens nous remplit nos jerricans avec l’eau de leur dessalinisateur.






Le boulard nous récupère et nous sortons par une autre passe. Direction l’Ile Petermann.









En chemin, nous sommes survolé par un pétrel des neiges. (mais je n'ai pas l'appareil en main, Raté!)

Puis nous mouillons juste après la cabane des argentins de l’Ile Petermann, au pied d’une colonie de manchots. Cette Ile a été le point du premier hivernage de Charcot.



 
Descente périlleuse à terre dans une petite anse : il y a un sacré ressac et c’est un peu sportif.
Et là, notre premier manchot d’Adélie nous accueille. Plus petit que le papou mais un peu plus trapu… l’œil pacifique. 


photo : Jacques Dupuis

Puis, nous en découvrons toute une colonie un peu à l’égard des manchots papous.




 Au sommet, un des manchots fait un drôle de manège : il prend un caillou, le transporte un mètre plus loin et recommence… Faire son nid à cette époque, quelle drôle d’idée car c’est la fin de la saison !


manchot d'adelie par annelaunois

Les papous nourrissent leur petit



Retour au boulard pour se diriger de l’autre côté du canal Lemaire : A gauche les îles Hogewaard et Pléneau, à droite l'île Booth. Et nous pénétrons dans un endroit étonnant où s’accumulent les Icebergs tous plus étranges les uns que les autres, car il n'y a pas beaucoup de profondeur, alors ils s'échouent là... : le « cimetière des Icebergs ». C’est plutôt comme un grand jardin avec des sculptures posées. GG007 l’appelle le « royaume des Icebergs ».
Etrange silence sur le bateau, survol de sternes, phoque crabier.



Mais il nous faut trouver un passage car port Charcot est de l’autre côté… Retour en arrière, et Jean se faufile entre deux montagnes de glace et tente une percée dans le dédale. Passé. Nous pouvons entrer dans Port Charcot, lieu du 2ème hivernage de Jean Baptiste Charcot. L’endroit est étroit et venté. Il faut porter des amarres à terre. Je m’y lance avec Yoann et il faut un bon coup de pagaie pour rejoindre la berge en crabe. Descente du dinghy avec du ressac et j’essaye d’attacher l’amarre à un gros caillou à peu près là où Jean me l’a indiqué. Nous ramenons l’autre bout au boulard qui fait des ronds dans l’eau en nous attendant. Elle est frappé au boulard et nous repartons avec une deuxième amarre en nous tirant sur la première… Mais avec le vent, nous n'avons pas fait travailler l'amarre comme je l'avait prevu et elle finit par nous rester dans les mains. Bref…
Tout est à recommencer et j’ai entendu parler du pays. (Ah, ces facétieux papous qui m’ont exprès détacher l’amarre !!!)
Bon, deuxième essai transformé par Philippe qui s’occupe de vacher l’amarre pendant que je lui fais suivre les plus de 100 mètres de bout, et que Yoann fait suivre l’annexe vaille que vaille dans le ressac. Puis, nous installons les deux autres amarres.
Ouf ! 2h30 pour mouiller!



Tout ça sous l’œil des papous, des chionis, palombe antarctique, qui nichent dans les creux des rochers, parmi les papous, jugulaires et cormorans. Une grosse otarie macho défie les papous sur la grève. 





Mardi 26 février - il neige
Port Charcot sous la neige et le vent qui a tourné dans la nuit.
Chacun bouquine.
Je passe un moment à traquer les chionis, la fameuse palombe antarctique si photogénique tandis qu’un phoque Léopard s’amuse avec nos amarres. 
chionis - palombe antarctique

chionis - palombe antarctique

chionis - palombe antarctique

chionis - palombe antarctique


Jean surveille avec attention la glace qui commence à rentrer. Et d’un growler coincé dans l’amarre avant. Et de deux… Et plein de petits glaçons qui viennent chatouiller la coque.

Nous décalons vers 11h30. Le boulard est sous la neige. On peut dérouler le génois et nous longeons quelques îles sur babord. Puis nous embouquons le canal Peltier pour rejoindre le mouillage de Port Lokroy.
Port Lokroy est une ancienne base anglaise qui a un musée, une porte. Chaque année, des flots de touristes débarquent des paquebots pour y acheter des souvenirs et envoyer la sacrosainte carte postale de l’Antarctique. 



Mais notre mouillage est bien planqué au fond de la baie. Les voiliers « Iceberg » et « Ile d’Elle » sont aussi dans le coin. L’ile d’elle a à bord un groupe d’apnéistes français qui vient faire un film sur les phoques léopards.

Mercredi 27 février
Départ de Port Lokroy. On repasse devant le « centre commercial ». Un bateau russe a déversé un groupe de touristes pour une randonnée sur un des dômes.




 
Un pétrel des neiges survole le boulard dans le canal Newmayer. La neige s’en mêle, pour arriver dans le chenal Gerlache.  Et c’est sous le grésil que nous rejoignons l’archipel Melchior pour « attendre la fameuse fenêtre. »

Jean reprends la météo et en fait, non seulement il ne faut pas attendre mais il faut partir dare dare ou bien attendre 5 jours.
Donc, nous préparons le voilier pour le Drake et c’est parti pour 4 jours et 4 nuits…
et c'est le passage du Cap Horn, enfin il parait! car Jean s'en est approche à moins de 2 milles mais voila ce qu'on a vu!


Attention, Mal de mer, s'abstenir!!!

et nous nous engouffrons entre les Iles de l'Archipel du Cap horn pour nous réfugier dans la caleta Marcial sur l'Ile Hershell.

caleta marcial - Ile Hershell







Lundi 4 mars - Ile Hersell  (Caleta Marcial) – Ile Lennox
Nous embouquons le Paso??? et traversons la baie de Nassau.



Nous arrivons sous la pluie dans le mouillage de l’Ile Lennox : Une seule maison, celle de la famille du militaire responsable su contrôle de l’Ile (il faut dire que dans cette zone, l’Argentine étant tellement proche, nous sommes sans arrêt appelé sur la VHF pour des contrôles de notre destination…) et quelques bateaux de pêche, car c’est la saison de la centolla……… !!!!!


Mardi 5 mars – Ile Lennox – Puerto Toro

Il pleut pas mal dans le mouillage de l’Ile Lennox. Certains d’entre nous partent faire une balade… Mais moi, je reste studieuse pour vous préparer le blog.
Jean sort une éponge neuve… (il m’a demandé de l’écrire alors, je vous en informe…)
Et quand l’équipe à terre rentre, ils sont tout fier de nous annoncer qu’ils ont vu un manchot « empereur ». En fait, le militaire responsable du contrôle sur l’Ile leur a montrer un manchot royal qui s’est perdu depuis quelques temps et a élu domicile à côté de chez eux, faisant copain-copain avec le chien de la maison.

Mince alors, j’ai raté ma coche de manchot royal. 


Nous remontons vers le nord et arrivons dans le canal de Beagle pour rejoindre Puerto Toro à la voile.
Puerto toro, c’est le village le plus austral de la planète, le hameau devrais-je dire. Après nous être mis à couple d’un bateau de pêche, nous descendons faire une « petite » balade.




Nous sortons des sentiers battus pour decouvrir une tombe puis Jean nous amene a travers bois, tourbe et mousse au dessus de Puerto Toro...
Mais le grain menace et nous redescendons trempes...
Heureusement, Jean connait bien les lieux et il nous a trouvé des centollas... Araignées de mer extra...
Miam, nature, c'est extra


Mercredi 6 Février – Puerto Toro - Caleta Hogger - Puerto Williams



Petit bilan
Vous aurez compris que c'est un magnifique voyage. Et que tous les mots, les photos et les vidéos seront bien faibles pour le décrire.
Oubliées les engelures aux pieds du Drake (enfin, non, pas oubliées car elles se manifestent trop souvent!!! Oublié le coupe vent en gore-tex volé dans le cyber d'Ushuaia...

    - des paysages incroyables
    - une terre que l'on a vraiment pas envie d'abimer : l'Antarctique est protégé par un traité international, normalement, il n'appartient a personne et doit rester vierge...
Sur le Boulard, j'ai eu l'impression de respecter cette terre. Les bateaux sont affilié à un organisme qui dictent les règles à suivre (iatos). A part les toilettes, nous avons récupéré toutes les eaux usées (Vaisselle, douche...) dans des bidons. Aucune poubelle n'est restée en Antarctique. Nous avons toujours débarqué à la rame. Nous avons fait très attention aux animaux en débarquant, rincer l'ancre a chaque mouillage, laver nos bottes et enlever chaque gravillon!
Maintenant, c'est vrai que les paquebots qui déversent les touristes par centaine en zodiacs puissants me laissent assez perplexe.
Certe, ils respectent les règles mais sont elles suffisantes?
Toujours est-il que ce territoire impose le respect par son immensité, son calme et ses extrêmes.

Et ce furent aussi : 
    - de belles rencontres :
         - Jean et Corinne et leur Boulard,
         - l'équipage du Boulard : GG007, Yoann, Philippe et Micheline, Jacques et Marie,
         - et puis tous les autres croisés le temps d'une soirée : Gilles, l'apnéiste spécialiste des léopards de mer, Lucie (du Guilvinec), marin sur l'Europa, Sandrine et Jean Yves de "l'ile d'elle", Brice et Corinne de Podorange, Pati et sa bonne humeur, Franck et Maya et leurs enfants Titouan et Anaa du "petit Prince", Jean Yves et Claire, les biologistes du romanée Natsik qui hivernent à Puerto William, Sylvie et Régis, les amis de Kristel, Hélène sur le Vaihere... et j'en oublie surement d'autres. Qu'ils m'en excusent...

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